Président fondateur de l’école de La Copro des Possibles

Photo profil Denis Vannier

Les architectes, des freins à la rénovation énergétique ?

Les architectes (bâtiment de France en particulier) sont une nouvelle fois « vent debout » et en colère alors que le projet de loi de finances 2023 est actuellement discuté à l’Assemblée nationale.

Cette fois encore, ils semblent passer à côté de l’essentiel en prenant ombrage, comme ils l’avaient fait suite à la publication du Rapport Sichel, de la place qui leur est accordée dans les projets de rénovation énergétique.

Ce nouvel épisode illustre à nouveau la difficulté de la profession à s’adapter, à défaut de savoir proposer des solutions performantes, face aux enjeux climatiques et au défi de la rénovation énergétique. Ce défaut d’adaptation nécessaire pour comprendre les copropriétaires et accepter leur point de vue de « non sachant », explique pour partie leur faible présence sur ce marché.

Rare sont ceux qui réussissent la conduite de nombreux projets de rénovation énergétique, contrairement aux bureaux d’études, simplement parce qu’ils mésestiment le public avec lequel ils doivent composer et par extension l’importance de l’humain. Se mettre à la place des usagers d’un bâtiment n’est pas la même chose que “savoir faire” avec eux.

Heureusement, certains architectes pionniers tentent de montrer la voie à leur profession en faisant preuve de proactivité, sans attendre qu’une place leur soit faite de droit. 

Retour d'expérience d'une architecte sur un projet de rénovation énergétique
Écoutez le retour d’expérience d’une architecte sur un projet de rénovation en copropriété

Collaborer avec des résidences multi-décisionnaires

Trop habitués à travailler avec un décideur unique, le maître d’ouvrage, et formés à défendre leur projet (ou leur parti-pris), les architectes rencontrent des difficultés à collaborer avec des résidences multi-décisionnaires, caractérisées par une pluralité de personnalités. Je rappelle que la copropriété est à la fois une petite démocratie et un vaste microcosme social !

Les copropriétaires, usagers finaux et décideurs du bâtiment, doivent être au centre des préoccupations.

Or bien souvent, ce qui importe plus à de nombreux architectes reste l’idée du projet « idéal », ne pouvant souffrir de modifications au risque de perdre de son âme. L’art du consensus n’est pas aisé. Cela crée des non-sens entre ce dernier et la cible finale qui est, elle, davantage intéressée par gagner en confort thermique, faire des économies sur sa facture ou améliorer son mieux-vivre, tout en veillant à sa capacité de financer de tels montants.

Une nouvelle posture entre esthétique, performance énergétique et usagers doit être trouvée.

Profil copropriétaires

Pour réussir des projets en copropriété, la concertation est clé, la communication ou encore la posture « basse » d’accompagnant. Les architectes français ne sont pas habitués à cette posture « basse ». Ces notions, directement nourries par les sciences humaines, doivent être au cœur des projets de rénovation énergétique collectifs, qui doivent se faire « avec » les copropriétaires et pas uniquement « pour ».

Les architectes des acteurs cruciaux pour une rénovation de qualité

Parmi les professionnels de la rénovation énergétique, les architectes sont des acteurs cruciaux pour une rénovation de qualité et c’est à ce titre d’autant plus important que certains se réinterrogent sur leurs pratiques, leurs visions des choses, leurs offres de missions d’architecture et de maîtrise d’œuvre.

Je regrette qu’ils ne le fassent pas plus pour massifier les rénovations de qualité, car on ne peut pas espérer des résultats différents (à savoir les mobiliser davantage dans la rénovation énergétique) s’ils conservent le même mode opératoire (attendre une place).

Selon les territoires, ils manquent d’expériences reproductibles et d’une approche pédagogique pour travailler avec des « non-sachants ».

Certains d’entre eux imposent trop souvent des positions dogmatiques qui ne sont pas tenables, et qui ralentissent voire reportent de plusieurs années des décisions déjà compliquées à prendre entre voisins qui ne se connaissent pas.

La Loi Climat et Résilience

Loi Climat et Résilience

Or, les objectifs promus par la Loi Climat et Résilience sont ambitieux. Chacune des parties prenantes doit embarquer (par soi-même, proactivement), en dépit de ses doutes, convictions ou incompréhensions et se concentrer sur notre priorité commune : réduire notre empreinte environnementale.

Si nous en sommes là aujourd’hui avec des bâtiments énergivores d’après-guerre, premiers consommateurs d’énergies fossiles, c’est bien du fait de méthodes de conceptions de bâtiments sous responsabilité des architectes.

Quelle est l’attitude la plus responsable à adopter lorsqu’on fait une erreur ?  En reproduisant le même schéma, avec la même posture, quels sont les résultats prévisibles ?

Ainsi, chacun doit décider de changer.

Si nous voulons massifier la rénovation énergétique, et faire mieux, c’est un travail d’équipe qui doit s’engager sur le mode de l’action (et non avec des postures d’attentes ou d’exigences), avec des attitudes de compromis.

Car oui, conserver la qualité du bâtiment architectural tout en participant à sa sobriété est possible.

Comment faire ?

D’abord, il faut arrêter de raisonner en termes techniques et financiers uniquement.

Dans la rénovation énergétique d’habitat collectif privé, 80 % relèvent de l’humain (confirmations des neurosciences). Le dialogue et la communication doivent s’améliorer, entre copropriétaires et professionnels, pour trouver des solutions convenant à chaque partie prenante.

Bien s’entendre, cela s’apprend !

Ensuite, pour accélérer le changement, concentrons-nous sur l’accompagnement humain avec le soutien par de nouvelles compétences en sciences humaines au sein du secteur du bâtiment, pour les professionnels mobilisés dont les architectes.

L’Assistante à Maîtrise d’Usage (AMU)

Assistance à maitrise d'ouvrage et assistance à maitrise d'usage

L’Assistance à Maîtrise d’Usage, approche, méthode et compétences professionnelles, est une piste sérieuse de réflexion. Elle permet d’établir des liens entre les usagers et les parties prenantes pour faciliter l’appropriation du lieu de vie et concilier durablement confort, sobriété, performance et qualité de vie. Une fois de plus l’AMU n’est pas « se mettre à la place » mais « savoir faire avec ».

L’AMU et son objet en sciences humaines vous intéressent ? Vous souhaitez en savoir plus pour l’intégrer et participer à accélérer les projets en copropriété ?

L’école de la Copro des Possibles forme les professionnels à cette approche et méthodologie, et avec l’aide de l’Etat c’est 100 % financé pour les syndics !